ArcelorMittal Méditerranée a présenté ce mardi ses projets censés permettre au site de Fos-sur-Mer de réduire drastiquement ses émissions carbone à l’horizon 2030.

L’un des géants d’acier les plus polluants du golfe de Fos-sur-Mer deviendra-t-il dans un futur proche un exemple d’une transition écologique réussie dans l’industrie française ? C’est l’ambition affichée par la direction d’ArcelorMittal Méditerranée qui, à l’occasion d’une visite de presse ce mardi, présentait sa feuille de route pour réduire ses émissions carbone dans les trois prochaines décennies.

Le groupe qui dit vouloir prendre sa part dans la lutte contre le changement climatique affiche des objectifs forts : réduire de 30% les émissions de CO2 en Europe en 2030 pour atteindre la neutralité carbone mondiale en 2050. « C’est un formidable défi qui s’offre à nous. En 20 ans, je pense que notre industrie va plus changer que sur les 50 dernières années », veut croire Bruno Ribo, directeur d’ArcelorMittal Méditerranée. Celui-ci annonce qu’un premier chantier sur le site de Fos doit consister à augmenter sa consommation de ferraille recyclée pour produire de l’acier, avec l’objectif de multiplier par 10 cette quantité d’« acier circulaire » d’ici 2030. La CGT du site se dit favorable au projet, ayant déjà soumis à la direction l’idée de se fournir en ferraille notamment via les chantiers de déconstruction navale. En attendant des annonces concrètes sur les fournisseurs, Bruno Ribo affirme que ce chantier permettra « d’ici quelques années, de baisser notre niveau d’émission de 20% ».

Un appel du pied aux aides de l’État et de l’Europe

En parallèle, la direction d’ArcelorMittal Fos dit vouloir s’engager à plus long terme sur la voie dite du « smart carbone ». À l’image d’un chantier déjà mené sur son site de Gand en Belgique, le groupe présentait ce lundi son projet de recyclage du carbone « CarbHFlex » pour le site de Fos. Celui-ci consistera à capturer le carbone contenu dans les gaz sidérurgiques de l’usine, principalement dans les hauts fourneaux, pour le transformer en ressource pour fabriquer des produits chimiques comme de l’acétone, de l’éthanol… substituant ainsi ces produits à des ressources pétrolières non renouvelables. « Dans le futur, ce projet peut aussi servir à fabriquer des plastiques utilisés par le grand public », affirme Damien Chambolle, responsable des projets de décarbonation à Fos, présentant l’idée de « remplacer une raffinerie qui fonctionne avec du pétrole par une raffinerie qui vient puiser sa ressource dans ses gaz qui jusqu’ici sont toujours brûlés, notamment pour faire de l’électricité ».

Au-delà de « CarbHFlex », la direction de Fos n’exclut pas de reproduire le projet mené aujourd’hui à Dunkerque d’un « Haut-fourneau vert » (le projet Igar) si celui-ci s’avère concluant, tout en voulant croire à l’essor futur de la filière de l’hydrogène.

Reste le sujet épineux du financement, ArcelorMittal chiffrant le coût de cette décarbonation de l’usine « de 15 à 40 milliards d’euros selon les filières, soit une augmentation de nos coûts de production de +30% à +80% ». Si sur ce point, la direction de Fos affirme disposer d’« une enveloppe de plusieurs centaines de millions d’euros pour notre site », Bruno Ribo en appelait ce lundi à des candidatures aux appels à projets mais surtout au soutien des politiques publiques, nationales et européennes.

Pour Alain Audier, délégué CGT du site, « ArcelorMittal joue aujourd’hui sur deux tableaux, d’un côté en essayant de redorer son image par rapport aux émissions carbone sans chiffrer tous les investissements, de l’autre, avec la question des quotas de CO2 attribués par la commission européenne : ceux-là vont devenir payants alors qu’ils étaient jusqu’ici attribués à titre gracieux. Et donc Mittal fait du lobbying pour réduire les coûts de ces quotas. »

Ce lundi, Bruno Ribo parlait lui, de « mettre en place les mécanismes qui redressent les distorsions de compétition créées par ce besoin d’investissements. »